L'événement vise à apporter espoir et un sentiment d'inclusion à ceux qui sont souvent marginalisés, en soulignant le message de miséricorde et de rédemption de l'Église. Il invite non seulement les personnes incarcérées, mais aussi leurs familles, le personnel pénitentiaire et les bénévoles qui travaillent dans le système correctionnel à participer à une journée de prière et de solidarité.
En cette année jubilaire, la question des conditions de vie des prisonniers ne peut certainement pas passer inaperçue. Un message d’espérance et de miséricorde, celui de l’Année Sainte, qui a toujours – et aussi en cette année 2025 – résonné à l’intérieur des prisons de manière particulièrement forte. Chaque nation a ses particularités à cet égard, et celles de la Martinique – malheureusement – ne sont pas du tout positives. Notre pays traverse, depuis des décennies, une phase particulièrement critique, qui s’accompagne d’une prise de conscience, avec un taux de surpopulation global d’environ 136 %.
Essayons de faire un rapide aperçu de la situation. Au 30 avril 2024, le Centre pénitentiaire de Ducos (CPD) abritait environ 1 003 personnes détenues, contre une capacité opérationnelle de 738 places. Le taux de surpopulation actuel est d'environ 136 % : dans le CPD, on compte 136 personnes pour 100 places disponibles. C'est la surpopulation, première condition chronique de la prison en Martinique. Et, comme toujours dans ces cas-là, nous parlons d’une moyenne : ce qui signifie qu’il y a des endroits où les choses sont meilleures et d’autres où elles sont pires. C’est le cas de la maison d’arrêt, qui a atteint 166 % de surpopulation effective. Quant au centre de détention (destiné aux peines supérieures à deux ans), on compte une surpopulation d’environ 105 %.
En moyenne, il s’agit d’une structure qui n’est pas très récente, construite en 1996 : la limite minimale de trois mètres carrés de surface au sol pour chaque détenu est respectée. Trois mètres carrés par personne. Une situation limite qui a certainement aussi un impact sur les actes d’automutilation (une vingtaine de tentatives de suicide en 2023) et sur le nombre tragique de suicides en 2023 (avec 3 cas). Il y a aussi un problème de manque de personnel.
Pour le reste, il y a environ 200 (sur 1 000) détenus qui travaillent en prison sous l'emploi de la prison elle-même. Ensuite, il y a 165 personnes qui fréquentent des cours de formation professionnelle, 2 % des personnes détenues. Environ 38 d’entre eux terminent avec succès leur scolarité, soit 18 % des scolarisés.
Un monde diversifié (auquel s’ajoute la population qui bénéficie de mesures alternatives à la détention, comme la semi-liberté, l’assignation à résidence, la probation aux services sociaux, etc.) sur lequel le Jubilé contribuera à maintenir l’attention élevée.
Dans la prison de Ducos aussi, à l’invitation de notre archevêque, une Porte Sainte sera franchie. Ainsi, au CPD, lors de la célébration du troisième dimanche de l’Avent dans le socio (salle polyvalente), les personnes détenues pourront passer sous une porte (imaginée et conçue à l’initiative des personnes détenues et de l’aumônerie) et se diriger vers le lectionnaire, lieu de la Parole de Dieu.
L’assurance de la Miséricorde de Dieu
Naturellement, le thème de la miséricorde sera central dans les groupes bibliques des aumôneries, avec différents supports comme des enseignements, des DVD, des sélections de textes animés autour de trois questions qui ont été posées : Comment avez-vous été touché ? Comment avez-vous été éclairé sur ce mot de « miséricorde » ? Comment avezvous accueilli la miséricorde de Dieu ?
Le Jubilé des prisonniers sera également l’occasion de recueillir le témoignage des personnes détenues, mais aussi des aumôniers.
Tout homme est visage du Christ
Les paroles des personnes détenues doivent franchir la porte de la prison. Un échange de méditations sera en effet organisé avec les paroissiens autour de textes d’Évangile. Pour les aumôniers de prison, le Jubilé des prisonniers, qui sera une occasion spéciale, permettra de rappeler que nos frères et soeurs en prison sont au coeur de la vie de l’Église, ainsi que de renouveler notre engagement à leur égard. Même le temps passé en prison est un temps de Dieu.
Article extrait du N°706 d'Eglise en Martinique
Raphaël Monta, Aumônier de prison ■